Comment ai-je pu passer à côté ? Rater grossièrement un truc qui pourrait parler de pied ? J’ai dit pourrait, hein, je suis parfaitement au courant que beaucoup, beaucoup d’autres choses peuvent laisser des empreintes : le fessier dans le sable, la taie d’oreiller sur le visage, la bouche sur une oeuvre d’art, la carte bleue après passage dans le sabot…
Je plaisante : c’est une légende. Le développement durable m’intéresse au moins autant, sinon plus, que les pieds. Merci donc au Papa de Sigmund de m’avoir fait découvrir un moyen définitif de me saper le moral (ça tombe bien, j’en manquais en ce moment, la vie est trop fun) : le calcul de mon empreinte écologique ou comment prendre conscience que l’on est responsable et coupable pour les siècles des siècles, amen.
Je n’ai pas d’activité rémunérée. Remarquez bien, je n’ai pas écrit : « je n’ai pas de travail ». On se demande bien pourquoi. Comme je suis donc une feignasse qui se prélasse, j’ai le temps de me poser des questions importantes tout au long de la journée. Quelques exemples :
Pour m’essuyer les mains lorsque je suis amenée à les laver dans un lieu public, dois-je utiliser
- une serviette en papier, sachant que le papier, même s’il est recyclé, c’est quand même de la pollution (fabrication, traitement, retraitement, incinération)
- le sèche-mains électrique, qui n’est pas neutre non plus
- mon pantalon, sachant que de toute façon je vais y venir puisque pas moyen de se sécher les mains correctement dans un lieu si fréquenté. La question est donc : pantalon juste humide ou complètement trempé ?
Mes enfants boivent de l’eau, mais comme nous ne sommes pas une famille intégriste, ils ont le droit, de temps en temps, de (attention, tadam, roulement de tambour) boire du soda. Ce n’est pas extraordinaire, une révélation pareille ? A partir de là, la question se pose :
- acheter une grande bouteille, parce que les grands conditionnements, c’est bien connu, c’est meilleur pour l’environnement, mais en jeter la moitié ou forcer les enfants à boire 1,5 litre alors que 20 cl chacun leur suffit et du coup ne plus respecter la bible du PNNS à laquelle nous jurons chaque matin fidélité, même si ça oblige à manger du chou
- acheter des canettes ou mieux des petites bouteilles (c’est plus joli, le soda est meilleur et le verre est 100% recyclable), mais pas souvent parce que ça coûte un max
- fabriquer soi-même son soda avec le reste de betterave que les zaffreux n’ont pas voulu manger, violant ainsi allègrement leur pacte PNNS, parce que « c’est paaaas boooon ».
Ma vie n’est qu’une suite de questionnements existentiels.
C’est donc avec le doigt assuré que j’ai cliqué sur le lien qui devait m’amener à une remise en question importante.
J’ai trouvé d’emblée que ça commençait mal : à la première réponse, je me suis retrouvée dans la tranche des 36-50 ans, ratant de peu la section 21-35. Serait-ce à dire que l’on pollue plus lorsqu’on vieillit ? Ou, au contraire, que l’on pollue moins ? Et que la limite se situe à 35 ans et 6 mois ? Pour être sûre, j’ai refait le test en mentant sur mon âge vénérable. Je suis rassurée, ça n’a rien changé. J’en ai déduit finement que ça devait être une donnée statistique de fréquentation du site. Je ne suis pas détective amateur pour rien !
Je vous épargne la longue liste de mes questionnements au cours de ce test et je passe directement au résultat : 2,6. C’est à dire qu’il me faudrait 1,4 planètes pour vivre si je continue sur ma lancée. Je me sens moyennement coupable, remarquez, parce que les GO du site ont aimablement indiqué la moyenne nationale, soit 5,3. Ben quand même, je crois que je vais devenir végétarienne, même si je ne mangeais déjà pas beaucoup de viande, et puis, surtout, je vais arrêter de me laver les mains. Ou uniquement avec du sable. Ça tombe bien, j’habite pas loin d’une plage (environ 30 minutes à pied) et le peeling, ça rend la peau plus douce.