Jamais je n’aurais cru partager autant de choses avec Karl Lagerfeld.
Non, sans rire, a priori Karl Lagerfeld est à des années lumières de moi, et bien, pourtant, contre toute attente, même avec lui j’ai des points communs. Si si. Et même des points communs qui vont au-delà du simple fait d’être des humains, surtout moi.
Il est passé à la tévé et, étrangement, ce jour-là, j’ai pu consacrer quelques secondes à le regarder et à l’écouter. Quelques secondes, c’est à dire 5 ou 6, hein, faut pas exagérer. Point trop n’en faut. Je n’ai déjà pas le temps de regarder des trucs intéressants, alors une icône de la mode jetsetteuse, pensez ! Et puis 5 ou 6 secondes pour comprendre le personnage, c’est largement suffisant, je trouve. Même si on le regarde d’une oreille distraite.
D’une, il a le cheveu nettement blanc. Lui assume, c’est son affaire. Moi, depuis que j’ai évoqué la possibilité d’un début d’arrêt de teinture avec mon coiffeur et que je me suis entendue dire : « quelle horreur, ça va être aaaaffffreux ! Vos cheveux ne sont pas assez beaux pour ça, vous savez », je garde ma bouche soigneusement fermée sur la question.
De deux, quand le journaliste lui a demandé si ça le dérangeait qu’on le trouve arrogant, il a répondu : « non ». Si ça, ce n’est pas le comble de l’arrogance ! Pareil pour moi, je suis arrogante et je le prouve. Quand on me demande si ça me dérange qu’on me suppose trop moche avec les cheveux blancs, je répond : « non ».
De trois, il a répondu sur la question de l’autoritarisme qu’on lui suppose : « à un moment, il faut bien que quelqu’un prenne les décisions qui s’imposent. J’aime quand les choses roulent ». Là encore, pareil. Moi zaussi je prends les décisions et j’aime quand les choses roulent. C’est pour ça que j’ai pris rendez-vous jeudi chez mon garagiste préféré, celui qui ne prétend pas que je dois absolument faire trois millions de travaux sur mon véhicule, sinon il est bon pour la casse. Je sais, c’était un peu trop attendu, mais c’est pour me mettre à niveau du reste du monde (ça c’est pour l’arrogance). De la même façon, c’est moi qui décide de ce que les enfants mangent, des fois. C’est de moins en moins vrai, mais je me venge sur le chat : elle, au moins, elle ne sait pas remplir sa gamelle toute seule. Quand elle a faim, elle fait moins sa maline, non mais.
De quatre, si lui pense donner le la de la tendance, moi j’élève mes zonfants dans le culte de l’élégance et du bon goût.
De cinq, lui aussi pense qu’il n’a plus de colonne vertébrale : il est obligé de mettre des tuteurs tout autour de son cou gracile. J’avais longtemps cru que cet élément essentiel de mon maintien avait été capturé par des preneurs d’otages, mais comme je n’ai jamais reçu de demande de rançon, j’en avais déduit qu’elle avait fait une fugue. Elle a fini par me donner de ses nouvelles dernièrement, essentiellement par le biais de messages douloureux. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé pendant ses vacances, à présent, elle est toute tordue… D’ici que je sois obligée de me faire poser des tuteurs, moi aussi…